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dimanche 20 octobre 2013

Jacques de VISMES du VALGAY, directeur de l’Opéra de Paris au 18ème siècle

Né à Paris en 1745, Jacques de VISMES DU VALGAY était sous-directeur des fermes, lorsqu'en septembre 1777, il se présenta, appuyé par Compam, valet de chambre de la reine, pour se charger de l'entreprise-générale de l'académie royale de musique. Les clauses de sa soumission portaient qu'il verserait un cautionnement de cinq cent mille francs, qu'il jouirait du privilège pendant douze ans, à dater du 1er avril 1778, et que la ville lui paierait une indemnité de quatre-vingt mille francs par an. Un arrêt du conseil-d'état, du 18 octobre, accepta les offres de De Vismes. Afin qu'il ne trouvât aucun obstacle à l'exercice de sa concession et à l'exécution des mesures nécessaires au succès de ce spectacle, un règlement du 27 février 1778 et un autre du 22 mars, en confirmant les anciens privilèges de l'Opéra, établirent les droits du nouvel entrepreneur et les devoirs des chanteurs, danseurs et employés, ainsi que ceux des musiciens. Malgré le zèle et les talents de De Vismes, malgré les soins qu'il se donna pour varier les plaisirs du public et capter la bienveillance de ses subordonnés, il fit de vains efforts pour déraciner les abus invétérés d'une administration essentiellement vicieuse; ses réformes utiles, ses améliorations même lui firent des ennemis, parce qu'elles froissèrent des intérêts particuliers. Il chercha à mettre dans son parti les auteurs, en faisant fixer, par un arrêt du conseil, les honoraires de ceux qui travaillaient pour l'Opéra mais on sait que les auteurs dramatiques n'ont jamais voix au chapitre. Pour contenter tous les goûts, De Vismes, suivant l'esprit de la pièce qui avait servi de prologue à son théâtre (Les trois âges de l'Opéra), y faisait successivement passer en revue les chefs-d'œuvre de Lulli, de Rameau et de Gluck. Il obtint aussi la permission de faire venir d'Italie la première troupe de Bouffons qu'on ait entendue à Paris, et qui, jouant alternativement avec les acteurs de l'Opéra français, remplissait le spectacle de toute la semaine.

Armoiries de la famille de Vismes

De Vismes naturalisa ainsi en France les intermèdes italiens de Piccinni, d'Anfossi, de Paisiello, etc. ; et, comme les deux derniers opéras de Gluck (Iphigénie en Tauride et Echo et Narcisse) et les deux premiers de Piccinni (Roland et Atys) furent représentés à cette époque, on peut dire que c'est sous son admimstration que la révolution musicale fut achevée en France. Mais aussi, outre les factions musicales des Lullistes, des Ramistes et des Gluckistes, il se forma un quatrième parti, celui des Piccinnistes. On ne s'occupait point alorsde politique, et les intrigues de l'Opera, les querelles entre les partisans de telle ou telle musique, étaient des aff'aires fort importantes. De Vismes était soutenu par la reine mais cette protection ne le mettait point à l'abri des épigrammes qui pleuvaient sur lui, des cabales de ses subordonnés, et des empiétements sur son autorité de la part du financier Laborde et d'un agent du ministre Maurepas.

Rebuté par toutes ces contrariétés, il offrit la résiliation de son bail, qui fut acceptée par arrêt du conseil-d'état, du 19 février 1779, à compter du 1er avril suivant. On lui laissa néanmoins la direction de ce spectacle, sous l'autorité du prévôt des marchands de Paris : on réduisit son traitement de vingt-quatre mille francs à dix mille, et on lui accorda une pension de six mille francs. Mais de nouvelles intrigues provoquèrent de nouvelles mesures. Un Mémoire du ministre Amelot, rendant justice aux talents et au zèle de De Vismes, détermina l'arrêt du conseil-d'état, du 17 mars 1780, qui retira le privilège de l'Opéra à la ville, le rendit au roi, déclara que De Vismes, n'ayant pas les connaissances requises, cesserait ses fonctions, moyennant une pension de neuf mille francs et une indemnité de vingt-quatre mille francs, et qu'il serait remplacé par Berton auquel il avait succédé. Alors le prix des places du parterre fut porté à quarante-huit sous ; En 1799, un arrêté du Directoire exécutif nomma administrateurs de l'Opéra, Bonnet, ex-législateur, et De Vismes, pour remplacer Denesle et Baco, dont la régie, pendant dix-sept mois, n'avait pas eu plus de succès que toutes celles qui avaient précédé : mais le 18 mars 1800 un nouveau règlement du ministre de l'intérieur nomma De Vismes directeur, et Bonnet conservateur. Enfin, un arrêté du 28 décembre rétablit l'unité dans l'administration de l'Opéra, supprima les deux places, et en attribua les fonctions à Bonnet, sous le titre de commissaire du gouvernement. Alors De Vismes se trouva sans fonctions. Il avait eu le projet d'établir à ses frais une école gratuite de musique. Il résida encore quelques années à Paris, où il continua de se livrer à son goût pour les lettres et les arts. Il se retira ensuite en Normandie, et mourut à Caudebec, en avril 1819.

On a de lui :

I. Pasilogie, ou de la Musique considérée comme langue universelle, Paris, 1806, in-8°.
II. La Double récompense, opéra-comique en deux actes, représenté au théâtre Montansier, avant l'année 1800, ainsi que le suivant.
III. Eugène et Lançai, en 2 actes, et quelques autres pièces.

Il avait annoncé des Mémoires sur sa vie, avec des anecdotes intéressantes sur les hommes qu'il avait connus. Cet ouvrage n'a pas été publié.

Sa femme, Jeanne-Hyppolyte MOYROUD, née à Lyon vers 1767, excellente pianiste, a composé la musique de Praxitèle, représenté, en 1800, à l'Opéra.

Son frère, Alphonse-Denis-Marie DE VISMES, dit de Saint-Alphonse , né à Paris en 1746, officier d'artillerie, lecteur du cabinet du prince de Condé, directeur-général des fermes pour la partie des salines et ancien fermier-général, de l'académie de Dijon, mort à Paris le 18 mai 1792, a donné à l'académie royale de musique, pendant l'administration de son frère : Les trois âges de l'Opéra, en un acte, musique de Grétry , 1778 ; Amadis de Gaule de Quinault , réduit eu 3 actes , 1779 , Hellé, etc.

Source : dictionnaire de biographie universelle ancienne et moderne - tome 43, Louis-Gabriel Michaud, Edité en 1843, p 274-276

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