mardi 6 avril 2010

Enquête relative à la succession de Jehan du Lys, dit de la Pucelle, 1502


Enquête faite à Domremy sur la famille du Lys, le 16 août 1502. Archives de France, R. 4, 20, 287, p. 42

A tous ceulx qui ces présentes lectres verront et orront. Thomas de Sinzelles, escuier, garde de par le roy nostre ifre, du scel de la prévosté de Vaucouleur, salut.

Savoir faisons, Pierre Mangeot et Cugny Rouyer, no­taires jurés au roy nostre dict sire en la prévosté et res­sort dudict Vaucouleur, nous ont tesmoignés et relactés pour vray, que eulx estant au villaige de Dompremy-sur­Meuse, le mardy seixiesme jour du mois d’aoust l’an mil cinq cens et deux, par Poiresson Tallevart, demeurant à Marcey-soubs-Brixey,
Leur fut requis de oyr aulcuns d’icelles personnes qu’il entend d'estre enquis et avoir attestation d’eulx sur ce que ung nommé Henry Baudeot, à son vivant demorant audict Dompremy, fut joinct par mariage à une nommée Katherinne.

Duquel mariage sont descendus deulx filles, l’une nom­mée Jehanne, qui fut mariée à feu messire Pierre du Lys, seigneur de Baigneau, près d’Orléans,

Et l’aultre nommé Katherinne, qui fut mariée à feu Joffroy Tallevart.

Desquels sire Pierre du Lys et dame Jehanne sa femme est venu et descendu ung nommé Jehan du Lys.

Et du mariage desdicts Joffroy et Katherinne sont venus et descendus ledict Poiresson Tallevart et Jehan Tallevart, lequel Jehan est allé de vie à trespas soub environ quattre ans.

Pour et affin de se apparoir et monstrer en temps et lieux où mestier lui sera, que ledict Poiresson et ledict feu Jehan du Lys estoient venus et descendus desdictes deux soeurs dame Jehanne et Katherinne, et à ce moyen cousins germains.

A ceste cause a faicte venir par devant lesdicts notaires, pour dudict cas attester la vérité, ceulx cy après nominés et premier :

Noble homme Claude du Lys, demeurant audict Domp­remy-sur-Meuse, aagé d’environ cinquante ans, a dict, affirmé et attesté sur sa loiaulté et conscience que en son jeusne aaige, peut avoir environ vingt-quatre ans, demoura avec ledict feu Pierre du Lys, oncle à sa mère et fille de Jacques du Lys, grand-père dudict attestant, au lieu de Luminart, près Orléans, environ le temps et es­paices de cinq ans.

Pendant lequel temps il a oy dire par plusieurs et di­verses fois audict feu sire Pierre du Lys et à ladicte dame Jehanne sa femme,

Que Katherinne femme Joffroy Tallevart estoit soeur germaine d’icelle dame Jehanne sa femme, et que si icelle sa femme allait de vie à trépas sans hoirs de son corps, la femme dudict Joffroy Tallevart ou ses enfants se­roient ses héritiers.

Oultre dit qu’il a bien vue et congnue feux Joffroy Tallevart et ladicte Katherinne sa femme demourant à Marcey-soubs-Brixey, lesquels à leur trépas ont délayssé Poiresson Tallevart et Jehan Tallevart, leurs enfants et héritiers, seuls et pour le tout : lequel Jehan Tallevart alla de vie à trespas au mois de janvier de l’an mil quatre cens quatre-vingt-dix-huit dernier passé.

Et a toujours oy dire à ses ancesseurs et aultres ses voi­sins congnoissans la généalogie que icelle dame Jehanne et Katherinne, femme dudict Joffroy, estoient seurs ger­maines.

Honorable homme Jehan Thiriet, marchand bourgeois, demourant audict Marcey-soub-Brixey, aagé d'environ soixante-dix ans, a dit, attesté et affirmé en sa loyaulté et conscience, qu’il a veu et congneu feu Henry Baudot, à son vivant demeurant à Gondrecourt, qui est à trois lieues dudict Dompremy, assis au bailliage de Chau­mont.

Lequel à son trespas delaissa deux filles et héritières, l’une nommée Jehanne, qui fut mariée à feu messire Pierre du Lys, à son vivant chevalier, qui depuis alla de­mourer à Orléans, duquel mariage est venu et descendu feu Jehan du Lys.

Et l’autre fille nommée Katherinne fut mariée à Joffroy Tallevart, lors demourant audict Marcey.

Duquel mariage sont venus et descendus Poiresson Tal­levart et Jehan Tallevart, cousins germains dudict feu Jehan du Lys et enffans des deux seurs, lequel Jehan Tal­levart, au mois de janvier dernier passé il y a trois ans, est allé de vie à trépas.

Dit savoir les choses dessus dictes parce qu’il est natif dudict Marcey, et il a demouré tout son temps jusques à présent, et veu et congneu lesdicts sire Pierre et dame Jehanne sa femme demourans audict lieu de Domprerny dont il est prochain, et pareillement lesdicts Joffroy Talle­vart et Katherinne sa femme, et leurs enffans demoréz audict Marcey.

Claude Gérart, laboureur, demeurant à Dompremy-sur­-Meuse, natif dudict lieu, aagé d’environ soixante ans, a dit, affirmé, attesté et certifié qu’il a veue

Une nommée Katherinne, fille de feu Henry Baudot, qui depuis fut femme de Joffroy Tallevart, demourant à Marcey-soub-Brixey.

Et aussy a veu et congneu feux messires Pierre du Lys et Jehan du Lys son fils, parents à la Pucelle, parce que les a veu audict Dompremy, traverser, venir et aller en leur maison pour ce que la mère dudict attestant estoit prochaine de lignaige de la femme dudict Joffroy Tal­levart et de dame Jehanne femme dudict messire Pierre ou Lys et mère dudict Jehan du Lys, mais il n’est pas recors qu’il ait veue ladicte dame Jehanne.

Mais en a oy dire à ses dicts père et mère et audicts messires Pierre du Lys et Jehan du Lys son fils, que la­dicte Jehanne estoit seur germaine à ladicte Katherinne, et que icelle dame Jehanne et Katherinne, seurs, estoient prochaines parentes de ses dicts père et mère.

Dict aussy qu’il a congneu ung nommé Jehan du Lys, à son vivant, frère de ladicte Jehanne la Pucelle et du­dict sire Pierre du Lys, prévost de Vaucouleur, lequel venoit aucunes fois de Vaucouleur audict Dompremy, et hantoit à cause de parentaige en leur maison.

Et a oy dire audict Jehan du Lys que ladicte Catherine et dame Jehanne estoient seurs ; et que ledict sire Pierre et dame Jehanne n’avoient synon ung fils nommé Petit­Jehan du Lys, qui estoit peu de chose,

Et que s’il alloit de vie à trépas, la femme dudict Jof­froy Tallevart seroit héritière de la dame Jehanne sa seur....

Didier de Monts, laboureur, maire de Greux, aaigé de moins soixante-cinq ans, a dit, attesté et certifié qu’il est natif de Dompremy où il a toujours demoré, synon de­puis six ou sept ans qu’il est allé demourer audict Greux. Et que luy estant en son jeusne aaige de vingt ans, il a plusieurs foix conversé avec ung nommé Esselin, fils le maire Mongetz, dudict Dompremy, qui demandait à avoir en mariage une nommée Katherinne, fille de Poiresson Tallevart, fils dudict Joffroy, et que celui-cy en devisant, entre autres choses, leur dit :

Que Katherinne sa femme estoit seur de dame Jehanne, femme de feu messire Pierre du Lys, et que leur lignaige estoit quasi tous gentilz gens à cause de feu Jehanne la Pucelle, par quoy ils en estoient favorisés en beaucoup de lieux.....

Apparu Jacquart, laboureur, demourant à Greux, près Dompremy, aaigé d'environ soixante ans, a dit, attesté et certifié sur sa conscience,

Qu’il a veu et congneu Catherine et dame Jehanne seurs germaines, il a oy dire à son père et à sa mère qu’elles estoient filles de Henry Baudot, lequel Henry a aucune fois demoré au lieu de Dompremy et au lieu de Gondre­court.

Et dit qu’icelles filles furent mariées, c’est assavoir la­ditte Katherinne à ung nommé Joffroy Tallevart .... et l’autre fille nommée Jehanne, à feu messire Pierre du Lys...., et le dict sçavoir pource qu’il a congneu les parties et veu passer et repasser lesdict feux messire Pierre du Lys, laditte dame Jehanne sa femme et ledict feu Jehan du Lys leur fils.

Et disoient les gens par devant qui ils passoient que ledict feu messire Pierre du Lys estoit frère à la Pu­celle.

Vaultherin, cousturier, demorant audict Marcey-soub-­Brixey, aaigé d’environ cinquante-cinq ans, a dit, affirmé et attesté en sa loyaulté et conscience

Qu’il a bien veu et congneu Joffroy Tallevart et Ka­therinne sa femme...

Dit que l’année après la journée de Nancy où le duc de Bourgongne fut mort (1478), il vit feu Jehan du Lys, sei­gneur de Baigneaux, près d’Orléans, venir en la maison feu Joffroy Tallevart, audict lieu de Marcey, pour avoir ung cheval et pour ce qu’il ne trouva pas son cas, il s’en vint à la maison de feu Jehan Therselin audict Domp­remy où il en trouva ung.

Auquel Jehan du Lys, luy estant en la maison dudict Joffroy Tallevart, il oyt dire et recongnoistre que dame Jehanne sa mère et Katherinne, femme dudict Joffroy estoient soeurs germaines, et luy fit ledict Joffroy grant recueil pour ce qu’il estoit nepveu de sa femme.

Jacob Brunet, laboureur, demorant audict Dompremy, aaigé d’environ soixante et dix ans, a dit, afirmé et attesté qu’il a veu et congneu feu Henry Baudot et Katherinne sa femme, qui demorèrent longtemps audict Dompremy, et pour les guerres s’en allèrent demorer à Gondrecourt.

Du mariage desquels sont descendus Katherinne et Jehanne leurs filles : l’une desquelles, cest assavoir la­ditte Jehanne, fut mariée à feu messire Pierre du Lys, à son vivant chevallier, demorant à Orléans, lesquels eu­rent en leur mariage un fils nommé Jehan du Lys.

Et iceulx messire Pierre, dame Jehanne sa femme et le­dict Jehan du Lys a vu hanter en son jeusne aaige audict Dompremy (avant 1450) ......

Mougeon Rendelz, laboureur, demorant à Greux, aaigé d’environ soixante ans, a dit, attesté et certiffié qu’il a veu feu Joffroy Tallevart et Katherinne sa femme de­morant à Marcey-soub-Brixey, d’où sont venus Poiresson et feu Jehan Tallevart.

Et dit qu’il a veu Collin Le Maire, fils de Jehan Collin, à son vivant maïeur dudict Greux, frère de sa mère, le­quel avait eu épousée la seur de la Pucelle, comme il a oy dire à son dit oncle.

Dit aultre qu’il a oy dire à icelluy son oncle souventes foix que dame Jehanne, femme de feu messire Pierre du Lys, et Katherinne, femme de Joffroy Tallevart, estoient seurs germaines.

Et touttes ces choses ont lesdits attestans chacun par soy certiffiées et affirmées en leurs loyaultés « consciences, estre vrayes. De toutes lesquelles choses dessus dictes et d’une chacune d’icelles, ledit Poiresson Tallevart a quis et demandé auxdicts notaires royaulx avoir lectres d’attes­tations ou instruments ung ou plusieurs, pour luy valloir et servir ce que raison devra. Ce que lesdicts notaires luy ont octroié en ceste forme, en tant que faire le povoient et devoient.

En tesmoing de vérité, nous, garde du scel dessus nommé, à la relation desdicts jurés, leurs scel et seings manuels mis à ces présentes lectres d’attestations ou instruments, avons scellé icelles du scel de ladicte prévosté et de nostre scel en contrescel, saulfs tous droits.

Ce fut faict l’an, jour et lieux que dessus.

Signé : Mengeot et Rouyer, avec paraphe.

Extrait et collationné par les notaires au Chastelet d’Orléans soussignés, sur l’original en parchemin, estant ès titres de l’isle Groslot, aujourduy 25 janvier 1752.

Signé : Prevost et Lion, avec paraphe. Controslé à Orléans, gratis, le 1er janvier 1752.

Signé : Robin.

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