lundi 16 novembre 2009

Jean Vesque de Puttelange : un compositeur autrichien originaire de Lorraine


Famille VESQUE de Puttelange

La généalogie de la famille Vesque est intéressante. En effet, au départ d'origine modeste (les deux premières générations connues, François Vesque/Catherine Budlinger et Nicolas Vesque/Anne-Marie Mathis, sont des laboureurs de Guénange en Lorraine), cette famille a connue une ascension sociale constante au fur et à mesure des générations. Elle finit par rejoindre les rangs de la noblesse et fut consacrée par un titre de baron en la personne du compositeur Jean VESQUE de PUTTELANGE.

Les premières générations de la famille Vesque

François VESQUE fut père de Nicolas, lequel, marié à Uckange (Moselle) le 10 juillet 1706 à Anne-Marie MATHIS, eut pour fils Jean.

Ce dernier, intéressé dans les fermes du Roi à Thionville (Moselle), fut amodiateur de la seigneurie de Puttelange (Puttelange-lès-Rodemack, Moselle) avant d’en faire l’acquisition en 1736. Marié à Guénange le 4 mai 1729 à Marie-Catherine TRAITEUR, il laissa plusieurs enfants, notamment Jean, auteur de la lignée dont il est ici question.

Jean VESQUE père mourut à Stadtbrédimus (Luxembourg) le 23 octobre 1784. Fils aîné de Jean et de Marie-Catherine TRAITEUR, il fut inspecteur général des domaines de l’évêché de Metz puis, en 1760, il rejoignit le prince Charles-Alexandre de LORRAINE à Bruxelles où il eut un emploi d’inspecteur des loteries impériales. En 1775, il était dit « chargé du détail du régiment de Los Rios infanterie pour le service de S. M. la reine de Hongrie ». Il épousa à Commercy (Meuse) le 5 février 1760 Marie-Cécile ROQUILLY dont il eut un fils Jean.

Jean VESQUE

Né à Bruxelles le 12 novembre 1760, il reçut sa première éducation à Commercy (Meuse), patrie de sa mère, puis il fréquenta les facultés de philosophie et de droit de l’université de Louvain (B, Brabant). En 1787, il entra au service du gouvernement à Bruxelles où il fit partie de la commission chargée de la réforme des affaires ecclésiastiques.

Lors de la révolution brabançonne, il se réfugia à Luxembourg puis retourna à Bruxelles où, entre autres fonctions, il remplit celle de censeur des théâtres. Official à la secrétairerie d’Etat et à la guerre, il reçut le titre de secrétaire impérial et royal. A la retraite du gouvernement autrichien devant l’invasion des Français, VESQUE fut chargé du transport des archives de Bruxelles à Düsseldorf, en passant par la Hollande, puis il se rendit à Prague.

En attendant que les fonctionnaires venant des Pays-Bas puissent s’établir à Vienne, VESQUE fit de longs voyages d’études en Suisse, en Italie et en Autriche et trouva enfin un emploi de lecteur auprès de la princesse Lubomirska au château d’Opole, en Silésie. Après la paix de Campoformio, VESQUE fit partie des « individus belges qui ont déclaré vouloir rester sujets autrichiens » et, à ce titre, il fut considéré comme émigré et ses derniers biens en Lorraine, au département des Forêts (Luxembourg) et en Belgique furent séquestrés. Il fut en revanche récompensé pour son attachement aux Habsbourg car il fut nommé successivement conservateur en chef de la bibliothèque impériale et des collections artistiques et naturelles réparties dans les châteaux de la Couronne.

Lors de l’invasion française en Autriche, il fut chargé de négociations avec les vainqueurs. De 1814 à 1816, il fut attaché à la personne de l’archiduc Charles lors de ses voyages à Paris, à Milan et à Venise. En sa qualité de chef du Trésor impérial, VESQUE figure sur le tableau représentant le couronnement en 1816 de l’impératrice Charlotte-Augusta, troisième épouse de l’empereur François II. Il mourut à Vienne le 1er mars 1829, laissant le souvenir d’un fonctionnaire consciencieux.

Il fut également un érudit d’une activité féconde qui occupa une place dans les Lettres et qui publia de nombreux travaux d’ordre politique, littéraire, poétique, artistique et archéologique. Pendant son séjour à Prague, Jean VESQUE épousa Thérèse LEENHEER van SLEEWS, d’une famille noble de Bruxelles, également émigrée. Il fut père de deux fils, Jean et Charles.

Jean VESQUE de PUTTELANGE dit HOVEN

Né à Opole (Silésie) le 23 juillet 1803, il vint avec son père à Vienne. Il manifesta très tôt des dons pour la musique et la peinture que ses parents firent cultiver en lui donnant des maîtres. Cependant, destiné à la carrière administrative, il poursuivit ses études à l’université de Vienne dès 1822 et ne consacra qu’une partie de ses loisirs aux arts.

Promu docteur en droit en 1827, il publia plusieurs ouvrages de jurisprudence qui le firent remarquer et lui permirent d’obtenir l’emploi de conseiller ordinaire à la chancellerie privée de la Cour et de l’Etat. A ce titre, il fut à plusieurs reprises chargé d’importantes missions à l’étranger. Mais, dès 1830, il décida de se consacrer à la musique tout en poursuivant sa carrière de fonctionnaire. C’est ainsi qu’il fit connaissance des compositeurs VOGL et SCHUBERT et du violoniste PAGANINI. En 1832, il entreprit l’étude du contrepoint avec SECHTER. Il profita enfin d’un voyage diplomatique à Paris pour s’initier à la vie théâtrale. Il décida alors de se produire en public comme chanteur et comme compositeur. Sous le pseudonyme d’HOVEN, il fut l’auteur de sonates, de rondos, de variations pour piano, d’ouvertures de concert et d’un très grand nombre de Lieder publiés sous le titre Die Heimkehr. On a aussi de lui des quatuors pour quatre voix d’hommes. Son premier opéra, Turandot, fut représenté en 1838 à Vienne et à Berlin. Un nouvel opéra, Jeanne d’Arc, fut donné à Vienne en 1841, à Dresde et à Berlin en 1845.

En mission à Leipzig en 1843, il fréquenta MENDELSSOHN, SCHUMANN et HILLER puis, lors des fêtes organisées en l’honneur de BEETHOVEN à Bonn, il entra en relation intime avec LISZT, BERLIOZ, MAYERBEER, NICOLAI et LOEWE. Encouragé par ses succès, il fit représenter de nouveaux opéras à Vienne, notamment Liebeszauber (Les enchantements de l’Amour) en 1846, Catherine de Heilbronn, et Le château de Thaya, en 1847. Il fit également exécuter à la chapelle impériale de Vienne en 1846 une messe solennelle en ré.

Jean VESQUE de PUTTELANGE obtint l’indigénat au royaume de Hongrie le 16 décembre 1841, diplôme qui équivaut à la noblesse, puis, le 6 août 1866, il se vit conférer le titre de baron avec règlement d’armoiries. Devenu chef de section au ministère des affaires étrangères, il mit fin à sa carrière de fonctionnaire après quarante-cinq ans de services. Enfin, en 1879, il obtint le titre de conseiller privé. Il mourut à Vienne le 29 octobre 1883. Marié en 1832 à Marie Markus von Eör, il laissa un fils qui était, avant 1914, attaché militaire à l’ambassade d’Autriche à Paris.


Ses armoiries étaient :
d’azur à trois pals aiguisés d’argent, au chef d’or chargé de trois croix potencées de gueules.
Cimiers :
1. Un bras armé brandissant un sabre, lambrequins d’argent et d’azur ;
2. Trois plumes d’autruche, une d’argent entre deux d’azur, lambrequins d’argent et d’azur ;
3. Un cygne d’argent au vol levé, lambrequins d’or et de gueules.
Supports : deux lions d’or.


Charles VESQUE

Frère du précédent, né le 4 avril 1804, il montra très tôt des dispositions pour la peinture. Elève de FENDI puis de WALDMULLER et d’AMERLIND, il s’attacha enfin à SCHWING dont il suivit le genre. En 1836, il figura pour la première fois à l’exposition de l’Académie des Beaux-arts avec L’enfant mourant et un portrait.

En 1839, il présenta Goldschmiedts Töchterlein inspiré de la poésie d’UHLAND. En 1841, ce fut L’évêque Kolonits recueille les enfants chrétiens abandonnés au camp des Turcs après la levée du siège de Vienne en 1683 puis suivirent Francesca de Rimini, d’après DANTE, en 1842, et Griseldis repoussée par Parcifal.

En 1844, il composa un carton intitulé La mort du Tasse. Souffrant, il abandonna la peinture à l’huile pour ne plus traiter que l’aquarelle. Il mourut en 1858, sans laisser de postérité.

Source : Les Lorrains de l'Empire, de Alain Petiot.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Qui est le Schwing que vous nommez dans la dernière partie sur Charles Vesque ?
Merci d'avance